Professeur à
l'Université libre de Bruxelles, Hugues Bersini vient de
publier un petit ouvrage intitulé Big Brother is driving
you qu'il présente comme de brèves réflexions d'un
informaticien obtus sur la société à venir.
Alors que la réflexion sur la blockchain s'articule de plus en plus sur son
rôle d'administrateur de confiance, et sur les avantages ou inconvénients d'une
confiance de nature algorithmique, il est intéressant d'écouter ce qu'ont à
dire les meilleurs connaisseurs des algorithmes.
Après celui de Cardon (déjà cité dans mon billet sur Fouché) le livre de Bersini est donc une lecture à
recommander.
Ce scientifique fécond (plus de 300 articles), spécialiste reconnu de l'IA
et des algos, de la logique floue et du comportement de systèmes complexes,
pionnier dans l'exploitation des métaphores biologiques etc... nous dit que
seule l'informatique sera capable d'apporter les solutions qui s'imposent avec
la complexification du monde et la multiplication des menaces écologiques,
économiques et sociétales. La virtualisation de toute information, la
multiplication des modes de connexion, la transformation de tout objet en
ordinateur rendent, écrit-il, possible la prise en charge totalement
automatisée des biens publics. Bientôt des transports en commun impossibles à
frauder optimiseront le trafic pour un coût écologique minimum, tandis que des
senseurs intelligents s'assureront d'une consommation énergétique sobre, que
les contrats financiers et autres ne souffriront plus d'aucune défection et que
les algorithmes prédictifs préviendront toute activité criminelle.
Voilà pour le constat, assorti d'une prédiction : nous y consentirons.
''Face à l'urgence, nous accepterons de confier notre société aux mains d'un
big brother "bienveillant". L'interdit le deviendra vraiment et la privation
remplacera la punition. Mais le souhaitons-nous vraiment ?''
A cette question, je ne pense pas qu'il réponde vraiment, et d'une certaine
façon la question est plutôt de savoir si nous avons vraiment intérêt à pousser
jusqu'aux dernières conséquences cette logique.