Je ne vais pas parler ici du bitcoin sinon en filigrane.
Poursuivant mon décapage des poncifs repris en boucle contre cette nouvelle
monnaie, j'ai abordé (dans le billet 13) sa prétendue absence
de réalité financière. Je crois avoir montré qu'elle résidait dans son
utilité peut-être plus proche de celle d'un timbre que de celle d'un
billet.
Autre grief plus basique encore, son absence de réalité tangible
est souvent avancée, critique qui s’accompagne généralement du geste élégant
par lequel le pouce avant droit du primate financier effleure rapidement la
pulpe de son index. Et comme, effectivement, le bitcoin n'est guère
tangible, il m'est venu à l'esprit de me demander si le cash
l'était davantage. Qu'est-ce qu'on palpe avec le cash, et qui manquerait au
bitcoin?
A l’heure où les Etats les plus solides émettent des emprunts à taux
négatifs tandis que l’Union Européenne, entre pillage et rançon, organise et
légalise des ponctions directes sur les comptes en banque (lire l'utile
avertissement de Philippe Herlin dans les liens en bas de ce billet), il ne
serait pas illogique de conserver son pécule en billets de banque. Et c’est
bien ce que font un grand nombre de particulier, d’autant que leur détention
comme leur dépense bénéficient d’une appréciable discrétion.
Quelle est la vraie nature de ce billet de banque, qui au
bout de 4 à 5 générations (pas davantage, en fait) a plus ou moins remplacé
l’or dans les représentations spontanées de la richesse financière ?
Peut-être la découvre-t-on, comme celle du diamant (billet 12), en le brûlant ?
