36 - Alice (suite)

Comme on me le fait remarquer en commentaire sous mon précédent billet, il y a bien un petit côté subversif dans "Alice au pays des Merveilles" qui a tout pour faire fondre de plaisir le petit coeur endurci de tout Bitcoineur, entre deux achats spéculatifs, celà va sans dire.

J'aimais Alice bien avant de rencontrer le bitcoin, et il me semble bien que son voyage au Pays des Merveilles ait été le premier livre que j'ai lu en intégralité dans la langue qui était encore, à l'époque, de l'anglais.

Si son escapade de l'autre côté du miroir m'a permis de comprendre pourquoi le bitcoin que l'on dit virtuel in the old room était bien réel là où les devises fiat devenaient virtuelles, son odyssée dans le pays des merveilles suscite en moi une autre remarque.

Alice paye de sa personne. Elle boit la potion.

Alice boit

Comme on sait, cela n'est pas sans conséquence. Alice rétrécit. Il y a évidemment une lecture évangélique de la métaphore du Révérend Dodgson : Alice accepte de se faire toute petite car si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux (Mathieu, 18,3). C'est une des lignes fortes des évangiles, et Jésus lui-même en rend grâce à Dieu : Tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et les as révélées aux tout-petits. ( Mathieu, 11, 25)

Mais pour Alice, au-delà de cette forme d'humilité curieuse ( de curieuse humilité?) il y a deux choses remarquables : elle accepte de boire, et elle en est transformée.

AnaxagorasAujourd'hui, il ne se passe pas de semaine sans que l'on nous apprenne que telle ou telle institution réfléchit au bitcoin, ou réfléchit sur la blockchain pour éviter les mots qui fâchent. Seulement, comme le disait un sage zen, ce n'est pas en lisant la notice de la boite mais en avalant le médicament que l'on peut espérer guérir. L'homme pense parce qu'il a une main comme le disait Anaxagore de Clazomènes cinq siècles avant le Christ. Assister à une conférence, lire un livre, c'est une chose. Acheter un paper wallet, télécharger une appli wallet, se servir d'un hardware vault, c'est utile aussi.

Alice en sort transformée : plus petite, plus souple. Est-ce exactement cela que les institutions qui réfléchissent désirent, ou justement ce qu'elles craignent ? Des organisations plus petites ? Des hiérarchies plus courtes ? Des contrats de travail plus brefs ? Des temps de réaction (beaucoup) plus courts ?

En tout cas la potion n'est pas destinée à entretenir celui qui la boit dans son état, mais bien à en changer.

Alice suit le lapin. Lui sait qu'il est en retard. Il ne réfléchit pas, il court

le lapin en retard

Pour aller plus loin : (ajouté début janvier 2016)

Commentaires

1. Le 19 déc. 2015, 04h02 par Morgan Phuc

En effet, il faut en premier lieu du courage et de l'humilité pour se confronter au goût amer de la pilule rouge et descendre dans les méandres du terrier du lapin blanc...

Humilité absente chez l'homme post-moderne qui laisse son ego voiler sa raison. Comme le pensaient les alchimistes il faut rétrécir et se fragmenter pour laisser passer la lumière.

Bitcoin n'est pas la pierre philosophale mais un outil voire un élément de cette quête de vérité. Quête nécessitant une implication personnelle bien réelle...

2. Le 29 déc. 2015, 01h59 par Crypto King

Bonjour,
Je suis tout à fait d'accord avec le fait qu'il faut absolument essayer soi-même le Bitcoin (wallet, paper-wallet ou autres...) pour y trouver un réel intérêt (à part, éventuellement, un intérêt purement spéculatif).
Le problème étant toujours que plus de 95% des personnes critiquant le Bitcoin ne l'ont pas essayé eux-mêmes...
C'est surement un problème de dissonance cognitive ou le "coût de la conviction" est peut-être trop élevé...
http://cointelegraph.com/news/11572...
https://ploum.net/le-cout-de-la-con...
Bonne fêtes de fin d'année.

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