Ali Mitchell sait écrire, même s'il le fait trop rarement.
Avec Bitcoinica il nous livre un petit dictionnaire baba du Bticoin que j'ai trouvé assez envoûtant, on va vite comprendre pourquoi. Tournant le « ₿ » à 90 degrés comme une paire de lunettes, il le colle non devant le soleil royal comme l'avait fait mon ami Adli jadis pour doter la conférence Bitcoin pluribus impar d'un hiéroglyphe approprié, mais devant la tête d'un éléphant. Logique, puisqu'un éléphant ça trompe énormément.
Cet éléphant, baba sans en avoir l'R, n'a que la tête de l'emploi, car juché sur le corps d'un acéphale et chaîne fraîchement brisée en main, prêt à en débattre, il vient en fait libérer le lecteur et l'enchanter.
De quoi s'agit-il, en effet, dans ce court dictionnaire (26 lettres dans notre alphabet, 26 entrées, y compris l'énigmatique Ki ou l'amusant Qu'en-dira-t-on) qui rappelle avec Satoshi lui-même que décrire cette chose pour le grand public est sacrément difficile
? Bien sûr ce n'est pas un manuel technique, et il ne fait pas davantage miroiter la moindre martingale d'enrichissement.
Mais il offre beaucoup de bons mots et quelques explications décapantes, en se jouant habilement de l'ordre alphabétique : Argent puis Bitcoinie puis Cryptographie sont ainsi opportunément placés en tête.
Et au-delà, il s'agit aussi d'une chose autour de laquelle nous étions déjà quelques-uns – pas assez – à tourner : la beauté de Bitcoin, pour ceux qui, ayant longtemps tâché de comprendre la réalité de l'éléphant en le touchant de leurs cannes blanches, ont enfin atteint l'étape où posséder devient connaître
et où l'on a mieux à faire que débattre : jouir.