34- Les convulsionnaires

Ils sont quelques-uns. Puissants et impérieux, mais pourtant désemparés. Les princes de ce monde souhaiteraient plier la cryptograpie à leurs convenances. Or ce n'est pas possible.

Obama on computer

Ce n'est pas la première fois que les princes de la terre veulent commander ailleurs que dans leur domaine de compétence. Cela prête toujours un peu à rire.

Je voudrais raconter ici l'histoire des convulsionnaires, qui fut sérieuse à l'extrême et finit pourtant par un fou-rire.

Au début, il y avait en France une importante querelle religieuse (la controverse janséniste) qui portait sur des questions fort abstraites, comme la prédestination des élus et le rôle de la grâce divine dans leur salut. Pas de quoi troubler le royaume du vieux Louis XIV ? Si, car la querelle s'élargit et se démocratisa après la mort du roi (1715).

Le petit peuple de Paris prit fait et cause pour les thèses que rejetaient tant l'autorité royale que celle du pape : il avait une foi simple, assez austère, et il était porté à condamner le luxe des puissants et leurs accommodements avec le Ciel. La moitié du clergé parisien partageait les thèses dites jansénistes : Dieu aime qui il veut. Et il le fait savoir.

Or Dieu se manifestait par dessus la tête des papes et des rois par des miracles. Le peuple en était friand... et les miracles se multiplièrent à partir de 1720, presque tous liés à des prêtres appartenant au mouvement protestataire.

Le 1er mai 1727, François de Pâris, un simple diacre de la paroisse Saint-Médard rue Mouffetard, mourut en odeur de sainteté. Il avait légué tous ses biens aux pauvres. Je ne cite pas le détail pour émouvoir : la dimension économique n'est jamais loin, pour l'historien, des émotions religieuses populaires. Les miracles commencèrent le jour même de son enterrement, et se multiplièrent. On venait, on touchait la tombe on se couchait dessus la nuit, on emportait de la terre, on était secoué de saintes convulsions.

les convulsions de la demoiselle HardinEn 1731, on ne comptait plus les miracles. L'archevêque de Paris proclama qu'ils étaient faux. Les médecins du roi les déclarèrent faux. Mais le peuple n'a pas attendu le 21ème siècle pour faire fi de l'opinion des puissants et des doctes.

La police s'inquiétait de ce trouble à l'ordre public. Le cimetière de Saint-Médard était devenu un territoire perdu du Royaume, si l'on en croit ce rapport de police. Ce qu'il y a de plus scandaleux c'est d'y voir des jeunes filles assez jolies et bien faites entre les bras des hommes, qui, en les secourant, peuvent contenter certaines passions, car elles sont deux ou trois heures la gorge et les seins découverts, les jupes basses, les jambes en l'air… Effectivement !

ordonnance de 1732Le 27 janvier 1732, le pouvoir royal passa en force. Le cimetière fut fermé, gardé par un piquet.

C'est alors qu'un plaisantin (il y en a toujours eu en France) apposa un petit écriteau avec ce distique que tout le royaume allait répéter en gloussant :

De par le Roy, Défense à Dieu
de faire miracle en ce lieu...

Mais les convulsions reprirent de plus belle, et se firent désormais en cachette. Le roi dut réitérer son ordonnance : ce n'est jamais bon signe !

Nos gouvernants semblent aujourd'hui moins décidés à interdire les miracles divins qu'à ordonner des miracles mathématiques. Est-ce moins risible ?

Après les films pour les jeunes et l'Internet, ce sont en effet ces jours-ci la cryptographie et les monnaies cryptographiques qui leur paraissent responsables des maux du pays. Seulement on ne peut guère interdire l'Internet, même si M. Trump est élu, et on ne peut faire un trou dans un procédé cryptographique en en réservant l'accès à la police.

la clé des pompiersDe même que le roi ne pouvait raisonnablement commander à Dieu, M. Obama, Mme Clinton, MM Cameron, Hollande et Cie ne peuvent demander aux mathématiques un miracle particulier. Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée. La clé des pompiers, si elle est placée à l'extérieur, peut servir aux cambrioleurs. Le patron du FBI est sûr qu'on peut lui trouver un truc. Mais cela fait rire. Il semble qu'Obama aussi attende un miracle. Mais cela fait rire.

Monsieur Hollande n'a pas encore donné son avis. Dans son beau bureau, il n'a guère les moyens de se forger une opinion en matière informatique. Pour cela (aussi) il suivra les américains.

un joli bureau

Commentaires

1. Le 8 déc. 2015, 20:07 par Morgan

Oui, les convulsions pre mortem de l'oligarchie mondiale ont quelque chose de risible et pathétique ! Espérons qu'ils n'iront pas trop loin dans cette tentative désespérée de garder le pouvoir. Si l'Histoire doit nous servir de guide, les solutions miraculeuses sont donc en nous ;)

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